POUSSIERE D'ETOILE

Bruxelles, 16 avril 2004

Poussière d'étoiles m'a donné du fil à retordre. Comme toutes les autres d'ailleurs. L'angoisse me prend à la gorge et je ne peux pas la dénouer. Je me sens incapable, déroutée. Je ne comprends pas comment ma dernière touche de pinceau vient de tout gâcher. J'avais atteint avec joie un bel effet de structure, de volume et voilà que la touche finale vient de tout faire basculer. J'essaie de rattraper mais il est trop tard: la magie a disparu! L'effet créé s'est envolé comme il était venu. Et c'était la deuxième fois que j'avais tout recommencé!! Cette fois ça y était, j'y étais enfin parvenue!
Et là, c'est foutu, gâché...  Et c'est irréparable.

Et je suis déçue, découragée dans ces moments-là. Je suis au creux de la vague. Face à la toile, je doute de moi et du reste du monde: "Qui suis-je pour me dire peintre? je n'ai même pas appris!!" "Vais je pouvoir en vivre?" "Je travaille trop lentement!" "Comment faire pour créer l'effet que je veux!!?" Dépitée, désespérée, je n'entrevois plus aucune issue... Et je m'en veux, ooooh je m'en veux, d'avoir tout laissé pour épouser la peinture...

Mais comme sur un voilier au creux de la tempête, il n'est pas question d'abandonner mon bateau! Des vagues plus gigantesques les unes que les autres déferlent sur moi, et moi je m'arrime. Je m'emmitoufle dans mon ciré, je ferme les écoutilles et je tiens ferme mon gouvernail. Et le voilier pique du nez vers les fonds obscurs...

J'ai pleuré quand j'en suis sortie... J'ai pleuré parce que devant moi se trouvait la preuve manifeste de "mon talent". La preuve que l'énergie de création passe à travers moi, qu'elle me parle... Devant mes yeux éblouis et tristes, Poussière d'étoile rayonnait... Une étoile était née.

Et j'ai su pourquoi j'ai choisi la peinture (ou plutôt pourquoi elle m'a choisi)...

Nulle autre qu'elle n'est si fidèle à moi, ne me reflète aussi fidèlement. En elle je me retrouve et elle ne me trahit jamais. Elle est exigeante comme un bon maître. Elle sait me récompenser. Elle est toujours le fruit de mon travail et de mes efforts.

La peinture c'est une aventure et une histoire d'amour. Chaque toile demande le meilleur de moi-même. Et nombreuses sont les tempêtes. Mais pourvu que je reste authentique, que ma quête soit sincère, quand j'arrive au port, c'est le visage baigné de larmes... Des larmes de joie et de lumière.

Parce que la peinture, c'est ma présence à moi-même...

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